Os avez ti éne question ?
Pour en savoir plus sur la langue picarde.
Choisissez votre question :
Le picard est-il une langue ?
Le picard est donc apparenté au français, mais constitue, d’un point de vue linguistique, un système distinct de la langue nationale, avec une grammaire, une phonologie, un lexique particulier. Il ne s’agit ni d’une déformation du français, ni d’un dialecte de cette langue, comme l’a montré le Professeur Cerquiglini dans son rapport de 1999 sur les langues de France.
Le picard, couramment désigné dans le Nord et le Pas-de-Calais comme “patois du Nord”, “chtimi” ou “rouchi”, est une langue régionale de France reconnue par le Ministère de la Culture. Selon les termes de l’article 75-1 de la Constitution de la République française, il appartient, à ce titre, au patrimoine de la France.
Le picard a également le statut de “langue régionale endogène” en Belgique, en vertu d’un décret de la Communauté Wallonie-Bruxelles pris en 1990.
Où parle-t-on picard ?
Carte du domaine linguistique picard établie par l’Université de Picardie jules Verne sur la base des travaux de Raymond DUBOIS.
Le picard est parlé selon les départements par 11 à 23 % de la population.
Quelles sont les caractéristiques du picard ?
Le picard se caractérise par :
- Le maintien du son [k] latin qui a évolué en [ch] en français :
Latin Picard Français Capellu Capiau/Capieu Chapeau - Le maintien du son [g] latin qui a évolué en [j] en français :
Gamba Gambe Jambe - Une évolution différente des combinaisons CE ou CI du latin :
Cinere Chinde Cendre
Le picard possède en outre ses propres formes grammaticales, comme l’adjectif devant le nom, comme en anglais, et un vocabulaire particulier : mucher (cacher), déjouquer (se lever), gaïole (cage), saquer (tirer), maguette (chèvre)…
Le picard possède un vocabulaire riche d’environ 200 000 mots.
Le picard a-t-il une littérature ?
Le XIX ème siècle a été une sorte d’âge d’or de la littérature picarde avec des auteurs comme Jules Mousseron de Denain (Cafougnette), Alexandre Derousseaux à Lille (Le p’tit quinquin), Édouard David à Amiens (Les hortillonnages) ou Philéas Lebesgue près de Beauvais (L’cloque dé l’toussaint).
Au XX ème siècle, des auteurs se sont emparés du picard pour en faire une vraie langue littéraire : on peut citer Géo Libbrecht et ses successeurs de “l’école de Tournai”, Pierre Garnier à Amiens avec sa poésie spatialiste, Pierre Ivart de Berck, Lucien Suel d’Isbergues. Des auteurs reconnus nationalement introduisent du picard dans leurs œuvres en français comme Michel Quint ou encore le traducteur Freddy Michalski. L’anthologie La forêt invisible (Maison de la Culture d’Amiens, 1985) donne une idée de cette grande richesse méconnue.
La traduction en picard s’est largement développée ces dernières années : Tintin, Astérix, Le petit prince, Martine, Les Simpson, Le petit Nicolas… On note aussi l’apparition de livres pour enfants tel que Ch’leu qu’i voloait canger d’couleur paru en 2016 aux éditions Auzou.
Aujourd’hui, le Prix de littérature en picard organisé annuellement par l’Agence régionale de la langue picarde, réunit chaque année des dizaines d’auteurs dont beaucoup d’auteurs nouveaux. On considère qu’il y a aujourd’hui 400 écrivains qui utilisent le picard pour leur production.
Cinq idées reçues sur le picard :
1 - Le picard, c'est du français déformé
Le picard est souvent plus proche du latin que le français (ex : gamba en latin, gambe en picard, jambe en français).